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Allez, un énième post sur Rafael Nadal. Pourquoi ? Parce qu'à chacun des articles consacrés au joueur espagnol sur ce blog, vous êtes nombreux à laisser des messages sur le fait que Rafa serait dopé. Une vraie rengaine… Ras-le-bol.
C’est bien joli de penser que le septuple vainqueur de Roland-Garros est « chargé » mais vos allégations ne reposent évidemment sur rien. Et en l’occurrence, ça s’appelle de la diffamation. Certains, même, me poussent à déclarer Nadal coupable ! Mais sur quel faits tangibles puis-je le faire ? Certains vont même jusqu’à penser que je sais Nadal dopé, comme plein d’autres, mais que nous ne disons rien afin protéger l’image du joueur et celle du tennis dans son entier ! Nous voilà complices. C’est le grand complot. En gros, comme dans le vélo. Tout le monde savait mais personne ne disait rien afin de ne pas faire effondrer l’édifice. Vous l’avez sans doute vu, lassé, je ne réponds plus à ces messages. Leurs auteurs sont de toute façon « indécrottables », persuadés d’avoir raison je le disais, même sans preuve aucune. Passons…
Je ne suis pas naïf, il y a des tricheurs dans le tennis mais ma conviction – et je vous demande de me croire- est que Nadal ne fait pas partie de ceux-là. Il faut bien plus que de l’endurance pour gagner des matches au plus haut niveau. L’alchimie qui compose un champion, et l’un des meilleurs de l’histoire de ce sport en l’occurrence, ne peut pas reposer que sur un gros cœur : en tennis, il faut un œil, de l’agilité, de la coordination, un sens du jeu, bref un certain talent, mais aussi et surtout, bosser, encore et toujours -domaine où Nadal est irréprochable- pour gagner en vitesse, pour faire évoluer son jeu sous peine de n’être plus au niveau. Nadal est l’exemple même du joueur qui a enrichi son arsenal au fil du temps, sinon il n’aurait pas été capable de s’imposer en Grand Chelem sur toutes les surfaces. Et puis il y a l’abnégation, la force mentale, ce refus de la défaite, ce courage même sur certains matches. Sans oublier cette capacité à ne pas trembler dans les moments clefs des matches, ce sang froid qui fait la différence entre les grands joueurs et les très grands champions. Et pour ça, y'a des piquouses efficaces ?
Autre élément, même si on est toujours dans le ressenti, Nadal a été élevé dans un milieu où l’on ne badine pas avec certaines valeurs. Tricher ? Pas franchement le mode de fonctionnement de cette famille. Car si c’était le cas, quelle comédie parfaitement rodée ! Nadal est l’inverse de Lance Armstrong dans sa façon d’être sur le circuit. Modestie –parfois trop, donc factice, j’en conviens– disponibilité, sourire, camaraderie. Aux antipodes de l’arrogance et du mépris véhiculés par le cycliste américain. Cette attitude de bon garçon ne dédouane pas Nadal mais je trouve que c’est une pièce positive à verser à son dossier.
Le tennis est un petit milieu et j’ai dû mal à croire que si Nadal était dopé, personne ne le sache. Et dans ce cas, comment ses adversaires pourraient-il l’accepter ? Armstrong tenait le choc parce qu’il se comportait en tyran, certes, mais aussi et surtout parce qu’il n’était finalement que la tête de gondole d’un système existant depuis des décennies, d’une culture même. Donc tout le monde savait, mais le faire tomber, c’était faire s’écrouler une pratique institutionnalisée. Attention, je ne suis pas en train de prendre un malin plaisir à taper sur le cyclisme mais ce sont des faits.
Le tennis n’est pas une coalition de tricheurs –joueurs comme institutions- qui finalement se protègent, comme l’a été le vélo. Sur le circuit, les dopés sont des cas isolés et ne sont pas installés au cœur d’une nébuleuse. Je crois donc que si l’un des Maîtres du jeu était reconnu positif, dont Nadal, cela se saurait. Il serait seul contre tous. Impossible d’étouffer l’affaire. Même Armstrong, malgré ses relais, son pouvoir, son argent, ses protections, n’y est pas parvenu.
S’il y a une chose que je reproche à Nadal, c’est sa com’ sur le sujet. Une vraie catastrophe. Se plaindre des contrôles inopinés ou ne pas se joindre au concert de ceux qui en appellent au passeport biologique a brouillé son image et donné le sentiment de quelqu’un qui cherche à se protéger. Cela ne veut pas dire qu’il est coupable de quoi que ce soit mais il donne parfois le bâton pour se faire battre, attisant la suspicion, surtout lorsque l’on vient d'un pays traversé par quelques énormes affaires de dopage dans d'autres disciplines.
De toute façon, quoique j’écrive, il sera facile à certains de mal interpréter mes propos et de continuer à tracer leur sillon. Nadal propre ? Je vous le répète une dernière fois, j’y crois dur comme fer. Et si on apprend un jour que ce n’est pas le cas, je me serais fait rouler dans la farine comme tant d’autres. Et je battrai ma coulpe.